Le GOPA dénonce l'arrestation et la détention de Virginia Laparra, procureure anti-corruption au Guatemala

La lettre suivante a été envoyée à la ministre canadienne des Affaires étrangères Mélanie Joly le 23 mars 2023.

Madame la Ministre Joly,

Au nom de Groupe d’orientation politique pour les Amériques (GOPA), un réseau national d'organisations de la société civile canadienne ayant une histoire de 30 ans de travail pour les droits de la personne et la justice en Amérique latine et dans les Caraïbes, nous vous écrivons pour exprimer notre préoccupation concernant la situation de Virginia Laparra au Guatemala.

Virginia est une prisonnière d'opinion détenue uniquement pour ses efforts de lutte contre la corruption et l'impunité dans son pays. Ce mois-ci marque le premier anniversaire de sa privation arbitraire de liberté, et c'est dans ce contexte que nous vous écrivons pour demander que le Canada prenne des mesures décisives pour garantir ses droits.

Virginia est une éminente procureure anti-corruption au Guatemala. Entre 2016 et 2022, elle a été chef de l'Unité des procureurs spéciaux contre l'impunité (FECI) à Quetzaltenango. En 2018, dans le cadre de ses fonctions, elle a déposé une plainte administrative contre un juge pour partage de renseignements confidentiels. En réponse, les autorités l'ont arrêtée et l'ont condamnée à quatre ans de prison.

Amnesty International, membre de GOPA, a documenté sur de nombreuses irrégularités dans la procédure pénale engagée contre Virginia. Premièrement, il y a un manque flagrant de preuves pour soutenir les accusations portées contre elle. Deuxièmement, certaines parties de la procédure à laquelle elle a été confrontée ont été tenues dans des conditions de secret, plutôt que d'être ouvertes au public comme moyen de garantir son droit à un procès équitable. Troisièmement, avant sa condamnation, Virginia a été maintenue en détention provisoire sans aucune justification objective. Et enfin, Virginie est actuellement confrontée à deux processus criminels distincts sur le même ensemble d'événements, ce qui constitue un litige malveillant, et a été autorisé par les autorités judiciaires sans motif clair. Ces violations et d'autres violations des formes régulières de la procédure ont conduit Amnesty International à conclure que Virginia Laparra est détenue arbitrairement. C'est également la position du GOPA.

Comme vous le savez sans doute, ces dernières années, les autorités guatémaltèques ont lancé une campagne de répression contre les opérateurs de justice, les défenseurs des droits de la personne et les journalistes travaillant sur les questions de lutte contre la corruption et l'impunité dans le pays. Un grand nombre d'entre eux ont fui le pays par crainte de représailles en raison de leur travail.

C'est dans ce contexte que Virginia Laparra, membre de GOPA, Amnesty International, considère Virginia Laparra comme une prisonnière d'opinion, détenue uniquement en raison de son travail sur la corruption et les questions de lutte contre l'impunité.

Nous tenons également à souligner le fait que la Virginie souffre actuellement d'une urgence médicale et nécessite une attention urgente qui n'a pas encore été accordée par les autorités.

Dans cet esprit, nous vous appelons à adopter des mesures urgentes pour protéger les droits de Virginia Laparra. Plus particulièrement, nous demandons au Canada de:

  1. Utiliser la voie diplomatique pour demander la libération immédiate et inconditionnelle de Virginia Laparra et pour que les autorités guatémaltèques prennent des mesures immédiates pour garantir son droit à la santé, en accédant à sa demande de recevoir un traitement immédiat dans une clinique privée.

  2. Dénoncer publiquement la criminalisation de Virginia Laparra et demander publiquement sa libération immédiate et inconditionnelle.

  3. Adopter toutes les mesures possibles pour aider à mettre fin à la persécution et à la criminalisation auxquelles sont confrontés les travailleurs de la justice, les défenseurs des droits de la personne et les journalistes au Guatemala en raison de leur travail.

GOPA a hâte d'avoir de vos nouvelles concernant cette affaire primordiale. Notre groupe national rassemble plus d'une vingtaine d'ONG internationales de développement et humanitaires, d'organisations de défense des droits de la personne, de syndicats, de groupes confessionnels et de solidarité et d'institutions de recherche. La force du travail de politique et de plaidoyer de GOPA réside dans notre lien direct avec les organisations respectées de la société civile sur le terrain au Guatemala. Nous demeurons déterminés à partager l'information et les recommandations pertinentes avec vous afin d'éclairer la politique étrangère et l'engagement du Canada au Guatemala.

Previous
Previous

Le GOPA fait part de ses inquiétudes à l'ambassadrice du Canada au Guatemala concernant l'érosion du système judiciaire, du droit à la défense, et de l'exploitation minière canadienne au Guatemala.

Next
Next

L'arrestation et la détention arbitraires des défenseurs de l'eau de Santa Marta représentent un démantèlement des Accords de paix du El Salvador : Le Canada doit agir